Matthieu 21
Jésus du ter-ter

Quand ils se sont rapprochés du 93, du côté de Sevran près de la butte de Montmartre, Jésus a dit à deux de ses potes : « Allez au quartier devant vous, vous allez trouver direct un scooter et une gyroroue à côté. Prenez-les et ramenez-les ici. Si quelqu'un vous embrouille, dites juste : ‘C’est pour le Boss, il en a besoin.’ Et ça va le faire, ils vont vous laisser peinards. »

Ça s'est passé comme ça pour que le vieux prophète soit dans le vrai quand il a dit : « Dites à la meuf de Saint-Denis : ‘Ton king arrive cool, posé sur un scooter, avec sa gyroroue.’ »

Les disciples ont fait le taf, ramené le scooter et la gyroroue, posé leurs sapes dessus et Jésus s’est posé là.

Le peuple a commencé à mettre le feu, étalant leurs fringues sur le sol, d’autres sortant des barrières de chantier, des cônes et des plots pour barrer la route. La foule était en mode : « Big up au Fils de David ! Big up à celui qui débarque au nom du Seigneur ! Big up en haut ! »

Quand Jésus est entré dans le 93, ça a secoué tout le monde. Les gens se demandaient : « C’est qui ce mec ? » Et la foule répondait : « C’est Jésus, le prophète de Marseille. »

Jésus a fait un tour au centre social du quartier et a tout chamboulé : il a viré tous les dealers d’iPhones tombés du camion. Il leur a balancé : « C’est écrit : ‘Ma baraque sera une maison de chill’, mais vous, vous en faites un point de deal ! »

Des aveugles et des handicapés sont venus vers lui au hall, et il les a remis en forme. Mais les chefs religieux et les intellos étaient vénères en voyant les trucs de ouf qu’il faisait, et les mômes qui gueulaient dans le hall : « Big up au Fils de David ! »

Ils lui ont demandé : « T’entends ce qu’ils disent ? » Jésus leur a répondu : « Ouais, et alors ? Vous n’avez jamais lu : ‘Des p’tits du quartier, tu feras sortir le respect’ ? »

Après ça, il s'est barré à Vitry et a passé la nuit là-bas.

Le lendemain, en retournant dans le 93, il avait les crocs. Il a vu un distributeur Selecta, mais y avait que des emplacements vides, pas de Twix, ni de Mars, ni de Sneakers. Il lui a dit : « T’auras plus jamais de barres chocolatées ! » Et direct, le distributeur a été hors service.

Les disciples étaient choqués : « Comment ça se fait que le distributeur est hors d'usage aussi vite ? »

Jésus leur a dit : « Franchement, si vous avez la foi et que vous doutez pas, vous pourrez faire pareil, et même dire à cette tour Eiffel : ‘Bouge-toi et plonge dans la Seine’, ça le ferait. Tout ce que vous demanderez avec la foi en priant, vous l'aurez. »

Jésus est retourné au hall, et pendant qu'il enseignait, les chefs religieux et les vieux du quartier sont venus le chauffer : « C’est qui qui te donne le droit de faire tout ça ? Et qui t’a filé ce pouvoir ? »

Jésus leur a répondu : « Moi aussi, je vais vous poser une question. Si vous me répondez, je vous dirai avec quel bail je fais ces trucs. Le baptême de Jean, il venait d’où ? Du ciel ou des keums ? »

Ils se sont pris la tête : « Si on dit ‘Du ciel’, il va nous demander pourquoi on a pas cru en lui. Si on dit ‘Des keums’, le peuple va nous tomber dessus, parce qu’ils considèrent Jean comme un prophète. »

Alors ils ont dit à Jésus : « On sait pas. » Et Jésus leur a rétorqué : « Ben moi non plus, je vous dirai pas avec quel bail je fais ces choses. »

D'accord, continuons avec la suite du passage dans le même style :

« Mais dites-moi, un bonhomme avait deux fils. Il dit au premier : ‘Fiston, va bosser aujourd'hui dans mon terrain à La Courneuve.’ Le gars répond : ‘J'ai pas envie.’ Mais après, il change d'avis et il y va.

Après, il va voir le deuxième fils et lui dit la même. Ce fils répond : ‘Ouais, j'y vais, papa.’ Mais en fait, il y va jamais.

Alors, lequel des deux a respecté le vieux ? » Ils répondent : « Le premier. » Jésus leur dit : « Je vous le dis carrément, les gars des cités et les nanas de la nuit vont vous griller dans le royaume de Dieu.

Parce que Jean est venu vous montrer la droiture, et vous avez pas capté. Mais les gars des cités et les nanas de la nuit, eux, ils ont capté. Même après avoir vu ça, vous, vous vous êtes pas retournés pour le suivre.

Maintenant, captez cette autre histoire. Un mec, proprio d'un terrain, plante des vignes à Bordeaux. Il met une barrière autour, creuse un pressoir, construit une tour de guet et confie ça à des vignerons. Puis, il se barre à l'étranger.

Quand arrive la saison des récoltes, il envoie ses potes aux vignerons pour récupérer sa part. Mais les vignerons chopent les potes, en cognent un, en butent un autre, et en caillassent un troisième.

Le proprio envoie plus de potes encore, mais les vignerons les traitent pareil.

À la fin, il envoie son fils en se disant : ‘Ils respecteront mon fils.’ Mais quand les vignerons voient le fils, ils se disent entre eux : ‘C’est l'héritier, venez, on le déglingue et on se fait son héritage.’ Ils le choppent, le jettent hors du terrain et le butent.

Bon, quand le proprio du terrain revient, qu'est-ce qu'il fait à ces vignerons ? » Ils répondent : « Il les fait payer grave, et il confie le terrain à d'autres vignerons, qui lui fileront sa part à la récolte. »

Jésus leur balance : « Vous n'avez jamais lu dans les textes : ‘La caillasse que les bâtisseurs ont jetée est devenue la plus importante ; ça, c’est l’œuvre du Seigneur, et c’est ouf à nos yeux’ ?

C'est pour ça que je vous dis, le royaume de Dieu, il va vous être retiré pour être donné à un peuple qui en sortira les fruits.

Celui qui se ramasse sur cette caillasse se fera mal, et celui sur qui elle tombera sera écrabouillé. »

Après avoir capté ses histoires, les chefs religieux et les pharisiens pigent que c'est d'eux qu'il parle.

Ils veulent le choper, mais ils flipent des gens, parce que pour eux, Jésus, c'est un prophète.